
Je voudrais dans cet article aller plus loin que dans ma page d'accueil, sur la vision du yoga.
Le Yoga est pour moi une pratique inégalable pour se connaitre et se comprendre, respecter son véritable être, pas celui que la société voudrait qu’il soit.
Au-delà du "bien-être" que la pratique des postures procure, dans le corps, le mental, les émotions, qui sont comme des contre-postures des journées sédentaires et stressantes que l’on peut vivre, il est une philosophie de vie respectueuse, de Soi, des autres, de tout le vivant.
Je vois cette pratique millénaire comme un accès pour retrouver ma vraie Nature, et je le vois aussi comme un support, un prétexte, presque politique, pour incarner ses valeurs en dehors du tapis.
Il ne s'agit pas pour moi de sortir du quotidien, mais bien d'être dans le quotidien, et participer à sa transformation profonde pour plus de beauté, de sens, de respect, d'inclusion, et de justice.
Je pratique différentes pratiques de yoga quotidiennement : le Hatha Yoga, le Kundalini Yoga (quelques unes de ces pratiques, plutôt, comme les cercles sufis, les chat-vaches, des respirations avec mouvements de bras, etc.), le Yoga Iyengar, le Yoga du Visage et le Yoga des Yeux.
J’ai suivi une formation de 966h à Barcelone pour le Kundalini Yoga (et ai continué de me former avec la subversive et militante Carolyn Cowan), j’ai fait plusieurs formations de yoga du visage, et deux de yoga des yeux.
La période du covid m’a invitée à approfondir avec le yoga hormonal, le yoga anatomique (comment soigner des maux par des postures, des respirations, etc .) et le yoga pour le trauma.
J’ai à présent une vision assez complète du corps, de ses besoins, et il s’agit de mettre en lien ces approches pour accompagner celleux qui le souhaitent à une libération, à la connaissance de celui-ci, au respect de ses besoins, car à l'écoute, et évidemment, à la sensation de plaisir. Quotidienne.
« Yoga citta vrtti nirodha » : le yoga est l’arrêt des fluctuations du mental (YOGA SUTRAS DE PATANKALI I,2).
Le Yoga est comme un chemin de méditation, comprenant huit « membres », huit pratiques pour cheminer vers la réalisation du Soi.
Yama : la discipline relationnelle
Ahimsa - la non-violence, le respect de la vie
Satya - la vérité
Asteya - le non vol, l'honnêteté
Brahmacharya ou se déplacer en Brahman (infini) - la modération, le contrôle des sens et de la sensualité
Aparigraha - la non-accumulation, la non possessivité par rapport aux biens matériels.
Niyama : la discipline personnelle
Shaucha - la pureté
Santosha - le contentement
Tapas - la pratique assidue
Swaadhyaaya - la connaissance de soi, l'étude personnelle
Ishwara Pranidhaana ou dévotion au Divin : le lâcher-prise.
Niyama - la discipline personnelle
Ensuite seulement, on parle du yoga comme on le désigne habituellement par :
Asana - les postures corporelles
Pranayama - le contrôle du souffle
Pratyahara - la maîtrise des sens.
Les trois derniers membres sont des états méditatifs :
Dharana - la concentration
Dhyana - la méditation
Samadhi - l’éveil de la Conscience, la véritable paix intérieure.
Cela sous entendrait que ne pas prendre du temps pour soi ferait de nous une mauvaise personne.
Cela sous entendrait qu'on est obligé-e-s d'aller bien.
Cela nous met également dans une sorte de moule, de place pré-déterminée où l'on ne fait pas de vague.
Mais surtout, parfois, on ne peut pas faire plus que peu, et c'est juste. Le temps de l'assimilation, du repos et de la régénération sont le vrai capital de nos vies 😉
Ce n'est pas non plus une voie de la performance. L'authenticité passe par l'écoute. Et évidemment, on n'est pas obligé-e d'être otop tout le temps, surtout pour répondre à des systèmes discriminants par définition.
Vivons notre vie, et vivons-la tout le temps !
La seule phrase de Yogi Bhajan que j'affectionnerai certainement encore longtemps est : "When you don't go within, you go without" ("Si tu ne regardes pas à l'intérieur, tu ne vois pas vraiment") (comme ça que je la sens aujourd'hui).
Ce n'est pas une injonction, mais une proposition sérieuse d'écoute et de connaissance.
Lire Politiser le bien être, de Camille Teste
J'ai presque envie de dire "au contraire" : Il s'agit de se connecter, de se concentrer, d'invariablement revenir à l'observation du souffle, à l'alignement du corps, observer l'observateurice que l'on est, en plaçant son attention sur l'attention elle-même.
Par ailleurs, non seulement le yoga n'est pas une pratique de sas pour souffler de sa journée ou de son quotidien difficile, et "même" un-e professeur-e de yoga peut être stressée, en colère, etc.
Nous sommes des humains, et l'idée est de prendre un moment d'autoexamination pour ne pas devenir une autruche qui met tout sous le tapis (#jeudemots), vivre sa vie pleinement conscient-e.
On assimile souvent le yoga à des postures sur la tête ou que sais-je dans des carrousels à Bali.
Il n'en est rien. Le Yoga est pour commencer inclusif, certainement pas validiste ou âgiste, et on peut être un très grand yogi alors qu'on ne peut pas faire de posture.
Rester là à méditer, à être en paix, et être une personne utile, inspirante, c'est certainement plus yogi que de faire des retraites à l'autre bout de la planète et de le poster sur les réseaux #oopsi.
Notons d'ailleurs que les sutras de yoga de Patanjali ne parlent que d'une seule posture (la posture "facile", Sukhasana, la posture en tailleur).
En réalité, je ne connais que peu de personnes qui la font "convenablement" !
Tentons de respecter déjà les deux premiers piliers du yoga (discipline relationnelle et personnelle) pour dire que "nous faisons du yoga", et commençons les postures même si on est raides comme des bâtons, juste pour voir ce que ça fait !
Les grandes multinationales et autres plus petites organisent de plus en plus souvent des cours de yoga au sein de l'entreprise, pour la cohésion, pour que les employé-e-s sachent "gérer" le stress, pour qu'iels soient plus performant-e-s au travail, mieux concentré-e-s, plus créatifves.
Mais en fait, le Yoga n'est pas un outil du capitalisme, certainement pas, il est une tradition millénaire qui, nous l'avons vu, ne soutient pas la respiration saccadée et/ou apnéique du monde du travail.
Lire Le Yoga, nouvel esprit du capitalisme, Zineb Fahsi
Je comprends qu'il est absolument indispensable de préserver le Yoga et ses millénaires de pratique. Je voudrais cela dit exposer ma pensée au sujet de mes pratiques qui se détachent par exemple clairement du Kundalini Yoga tel qu'enseigné par Yogi Bhajan, parce que je ne crois pas en la personne, en le marketing qui continue d'en être fait, en son comportement colonialiste, ultra capitaliste, mégalomane, abusif et d'agresseur.
Je pratique d'autres techniques de yoga qui m'apportent de nouvelles façons de respirer, de me tenir, de me concentrer, qui m'apportent bien plus que les préceptes dogmatiques de la 3HO Foundation pour ne pas les citer.
J'ai travaillé et pratiqué différentes techniques plus physiologiques, plus pragmatiques qui me parlent plus, c'est la raison pour laquelle je l'enseigne différemment.
Aussi, je propose des cours de yoga sur de la musique électronique, le CLUB YOGA.
Je sais que c'est éclectique et que ça choque, mais je réalise que le côté léger du cours propose beaucoup de légèreté (ce qui n'enlève pas le côté dirais-je sérieux du moment d'écoute) aux pratiquant-e-s qui se permettent de mieux s'écouter, justement, avec la musique, mieux regarder, alors, et iels se permettent surtout de lâcher des choses, et d'avoir du fun, là où c'est parfois plus compliqué dans les cours traditionnels.
En plus, c'est enfin prouvé, la musique électronique modifie notre état de conscience !
Je remercie très humblement et du plus profond de mon cœur toustes les acteurices qui me permettent de pratiquer le yoga aujourd'hui, et essaie d'en transmettre les valeurs de respect et d'écoute.
Alors, des principes simples de respect s’honorent dans de tels moments, et c’est pourquoi, même s’il me parait pléonastique d’en arriver là, aucun propos raciste, sexiste, grossophobe, validiste, âgiste, homophobe, transphobe, classiste ou discriminatoire, n’est toléré, sous peine d'exclusion. Heureusement, les actes et injures discriminatoires sont interdits en France, et punis.
Notons que le Yoga n'est pas non plus un espace-temps pour draguer, ou pour étaler sa journée mal passée.
Un espace safe est un endroit où on peut déposer les choses sans trigger (provoquer un effet boule de neige) les autres membres du groupe pour autant.
On peut essayer d'incarner un monde meilleur ensemble, ouvrir un champ des possibles, retisser des liens, pérennes et précieux. Partout, tout le temps.
La pudeur, la discrétion, l’écoute active sont trois piliers selon moi de cette recette. Et on peut tenter de tendre vers l'idéal pour peut-être arriver à des espaces sûrs pour toustes.
Un tapis propre, une tenue confortable en fibre naturelle (de préférence blanche surtout le haut) et une brique, sur laquelle s'asseoir pour que le bassin soit convenablement positionné pour garder droiture et ouverture, des psoas, du diaphragme, et du sternum, entre autres.
J'espère que ces lignes vous auront fait du bien, et qu'ensemble on pourra toustes faire du Yoga pour un monde plus juste.
LOVE.
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